Machines à sous

C'est probablement à Las Vegas que s'est forgée la légende des machines à sous, inventées par l'Américain Charles Fey en 1894. Ce mécanicien de 29 ans loua son appareil dans un tripot de San Francisco moyennant la moitié des bénéfices qui dépassèrent toutes les espérances. La machine portant le nom de « Liberty Bell » (Cloche de la Liberté).

Machine à sous Liberty Bell

Première machine à sous
de Charles Fey - XIXe siècle

Actionné par un levier, après introduction d'une pièce de monnaie, l'appareil mettait en mouvement trois bobines comportant chacune 20 symboles (cœurs, piques, fers à cheval, étoiles, cloches...). Sur 8000 combinaisons possibles, 12 étaient gagnantes. Certaines pouvaient s'obtenir de plusieurs manières et l'une d'elles d'une seule façon. Le gain possible était affiché en fonction des chances et tout joueur pouvait espérer emporter le jackpot. Bien entendu, la machine prélevait sa dime. Les appareils les plus honnêtes redistribuaient 82 à 94 pour cent des pièces encaissées.

Interdites en France jusqu'en 1987, elles ont, depuis, transformé les casinos, d'abord en attirant, qualitativement et quantitativement, des types de populations qu'on ne croisait jamais dans ces lieux, ensuite en en apportant un nouvel essor financier à des établissements de jeux dont certains périclitaient.

Il existe deux types répandus de machines à sous : les machines à rouleaux et les machines à poker. Ce sont les machines à rouleaux, les plus mythiques, et d'ailleurs les plus prisées par les joueurs.

La machine à sous est le jeu de casino le plus simple. Il suffit d’y insérer des pièces et appuyer sur le bouton " lancer " ou tirer sur le manche pour faire tourner les rouleaux. Pour gagner, il faut que les rouleaux s'arrêtent sur une combinaison affichée sur le tableau de la machine.

On peut classer les différentes sortes de machines à rouleau en trois classes : les machines à trois rouleaux à une seule ligne dont les mises sont de 1 à 3 pièces. Les machines à trois rouleaux à 5 lignes permettant de miser une à cinq pièces et les machines à cinq rouleaux à 5, 9, 15 ou 20 lignes. Chacune de ces catégories de machines peut être en version simple ou en jackpot progressif. En jackpot progressif, plusieurs machines sont reliées entre elles et alimentent un même jackpot dont le montant augmente progressivement. Le montant de ce jackpot s'affiche au-dessus des machines.

Certaines machines comportent encore, comme au bon vieux temps, de vrais rouleaux mécaniques. Le joueur, après avoir introduit sa ou ses pièces, dans certains casinos, on joue des jetons préalablement acquis, actionne le mécanisme au moyen de l'unique bras d'acier qui a leur valu le surnom de « bandit manchot ». Les nouvelles générations de machines sont des consoles vidéo très sophistiquées, actionnées par un levier ou par un simple bouton-pressoir. Dans tous les cas, le principe est le même : trois cylindres tournent simultanément pour s'arrêter sur une combinaison visible dans trois hublots situés côte-à-côte le long d'une ligne centrale. Selon la combinaison, le joueur perd sa mise ou récupère un certain nombre de pièces (ou de jetons) selon un barème affiché sur la machine.

Le but de chaque parieur, c'est de décrocher le fameux « jackpot », dans un bruit fracassant de pièces qui se déversent, quelquefois dans un hurlement de sirène, un jackpot tellement ancré dans la légende qu'il a donné lieu à un sens figuré fréquemment utilisé dans la langue française.

Il n’existe pas de stratégie permettant de gagner aux machines à sous. Il n’existe pas non plus de méthode permettant de récupérer ce que l’on a perdu. La raison est simple, le jeu est aléatoire et arbitraire.


Pourquoi des fruits sur les rouleaux ?

Charles Fey avait dessiné une cloche de la liberté, un fer à cheval, un carreau, un cœur et un pique sur les rouleaux de sa machine. Des symboles que l’on ne retrouve plus sur les jackpots actuels. À partir de 1910, la législation interdit les jeux d’argent et un fabriquant américain a l’idée de transformer les machines à sous en simples distributeurs de bonbons. Il affiche alors sur les rouleaux les parfums disponibles : des cerises, un citron et une prune… fruits encore présents aujourd’hui sur les rouleaux. Seule la cloche est conservée, en guise d’hommage à son créateur.


Taux de retour joueur

En France, les pouvoirs publics ont fixé un taux de redistribution de minimum 85% pour les machines à sous et 88% pour les jeux de table. Pourtant la plupart des bandits manchots ont un taux de redistribution bien supérieur, restituant parfois jusqu’à 98,5 % de l’argent investi par les joueurs. Globalement, la moyenne des taux de l’ensemble du parc de machines à sous d’un casino oscille souvent entre 92 et 93 %.

Machine à sous Game of Thrones

Slot machine Game of Thrones
Casino du Café de Paris
Monaco 2015

Des différences importantes existent entre les machines à sous suivant les pays. Aux Royaume-Unis le TRJ (taux de retour joueur) est calculé hebdomadairement, ce qui fait qu’il y a des machines pleines et d’autres vides. Aux Etats-Unis, le TRJ est basé sur un programme informatique probabiliste qui se réalise au long cours.

Une machine à 88 %, une autre à 90  %… le choix du taux de redistribution dépend de la politique de marketing du casino, sur laquelle les directeurs évitent de s’étendre dans les détails. « Il faut savoir trouver le juste équilibre entre plaisir du jeu pour le joueur et marge bénéficiaire pour le casino », explique l’un d’eux. Les habitués jouent en effet préférentiellement sur les machines à fort taux de redistribution car le temps de jeu est plus important. Fixer tel taux de redistribution sur tel type de machine devient alors un moyen d’attirer la clientèle voulue.

Par exemple, un taux important sur les machines à 2 € permet d’attirer la clientèle privilégiée ou augmenter le pourcentage de redistribution peut «lancer» un nouveau modèle…

Quant à l’emplacement des machines dans la salle, c’est là aussi une affaire de marketing. «On peut s’imaginer la salle des machines à sous comme un supermarché. Les machines à 97 ou 98 % sont placées à l’entrée de la salle pour qu’il y ait du monde et pour attirer les clients entrant dans le casino, un peu à la manière d’une tête de gondole.

Attention, il s'agit d'un pourcentage théorique moyen. Cela ne signifie pas que vous allez forcément récupérer 98 % de ce que vous avez personnellement misé. Pour espérer s'en rapprocher, il faut dans tous les cas respecter une règle selon Marcel-Michel Quenot (croupier de casino) : « Jouer le maximum de pièces que la machine peut accepter ». Dans le cas contraire, le taux de redistribution est réduit.


Machines traditionnelles ou progressives

Choisir l’une ou l’autre de ces machines dépendra de votre objectif. Sur les machines progressives, il est possible de décrocher un gros jackpot, mais qui tombe assez rarement tandis que sur les machines traditionnelles, les gains sont plus faibles mais plus réguliers.


Le Time Random Generator

En passant de la mécanique à l'électronique, les machines à sous n'ont pas beaucoup évolué en apparence : même l'antique bras du «bandit manchot» a gardé sa place. Pourtant le cœur du «bandit» a totalement changé. Le système mécanique qui commandait les 3 rouleaux a été remplacé par un générateur de hasard électronique.

Son nom : le TRG («Time Random Generator»). Sa fonction : choisir des combinaisons de 3 symboles de façon totalement aléatoire, mais tout en garantissant à long terme aux casinos le taux de redistribution de leur choix.

En réalité, le «TRG»  balaie en permanence (même quand personne ne joue) des milliers de combinaisons possibles. À chaque millième de seconde, un numéro (entre 0 et 1012) est envisagé, comme si la machine «comptait» dans le désordre.

En appuyant sur le bouton ou en actionnant le bras de la machine, le joueur lui ordonne de retenir le numéro en cours et les 2 suivants, qu'elle attribue à chacun de ses 3 rouleaux. Celle-ci calcule alors le reste de la division de chaque nombre par un multiple de 2 : par exemple, si le nombre retenu est 12 345, le résultat de sa division par 64 donne 192, avec un résidu de 57. Le résultat, 57 dans notre cas, représente l'un des symboles inscrits sur le rouleau : c'est sur lui que la machine s'arrêtera.

Deux «jackpot» de suite

Bien sûr, plus un symbole est représenté, plus la machine a de chances de le choisir. Mais de nombreux joueurs pensent qu'une machine qui vient de distribuer un jackpot ne peut plus en donner pendant longtemps : c'est parfaitement faux. Le fonctionnement du «TRG» garantit la même probabilité de gagner le jackpot à chaque tour, indépendamment des tours précédents.


Le contrôle des machines à sous

Les machines à sous font l’objet d’une surveillance particulière. Tous les trois mois, des techniciens indépendants travaillant pour une Société de Fonctionnement et de Maintenance (SFM), agréée par le ministère de l'intérieur, viennent contrôler le bon fonctionnement des bandits manchots. Les programmes informatiques déterminant le fonctionnement aléatoire des machines sont placés sous scellés, dont seuls les SFM et les renseignements généraux détiennent la clé.

La réparation des machines et la modification du taux de redistribution ne peuvent donc être effectuées que par les techniciens des SFM, dont les interventions sont consignées sur un registre visé par les renseignements généraux.

L'intérieur d'une machine à sous

Seule la SFM qui installe la machine est autorisée à toucher le cœur de son système (voir le plombage sur le schéma). En aucun cas, le casino ne peut avoir accès à cette partie de la machine. Des compteurs mécaniques et électroniques enregistrent les crédits joués, les crédits gagnés, les pièces sorties…

Interieur machine à sous

1. Les compteurs : Contrôlés tous les trois mois par les SFM et au minimum une fois par semaine par les casinos, ils permettent de suivre tous les mouvements des pièces pour une traçabilité maximale.

2. Le monnayeur : Après son insertion dans la machine, la pièce est comparée à une pièce témoin afin d’éviter toute fraude.

3. Taux de redistribution : Son affichage à l’intérieur de la machine est obligatoire.

4. Le plombage : Pour empêcher toute intervention sur le programme du jeu, celui-ci est scellé au moment de son installation dans le casino par la SFM. Elle seule en détient les clés.

5. La trémie :  La trémie recueille toutes les mises et les redistribue en cas de gain.